La croissance démographique menace la biodiversité

A l'occasion de la publication de la 3ème édition* du rapport sur les "perspectives mondiales de la biodiversité", un communiqué de presse a été rendu public. En voici quelques extraits :

« Le monde a échoué dans l'atteinte de l'objectif qu'il s'était fixé de parvenir à une réduction significative du taux de perte de biodiversité d’ici à 2010, année internationale de la biodiversité ».

« La perte massive de biodiversité est de plus en plus probable (...) plusieurs "points de basculement" sont près d'être franchis, ce qui conduira les écosystèmes vers des états où ils seront moins productifs et desquels ils ne pourraient que difficilement revenir ».

« Ces points potentiels de basculement comprennent le dépérissement de vastes zones de forêt amazonienne, en raison de l'interaction entre les changements climatiques, la déforestation et les incendies. Ceci aura des conséquences néfastes pour le climat mondial, les précipitations régionales et entraînera une extinction généralisée de certaines espèces ».

« Les points de basculement incluent également la modification de l'état de nombreux lacs d'eau douce et celle de nombreux organismes vivant dans les eaux intérieures vers l'eutrophisation. Les algues pourraient alors proliférer et finalement devenir dominantes, du fait de modifications provoquées par l’accumulation de nutriments. Ceci provoquerait l'asphyxie de nombreux poissons vivant dans les lacs concernés et la perte d’installations dédiées aux loisirs et au tourisme. »

« Parmi les éléments pouvant être inclus dans une stratégie future destinée à réduire cette perte de biodiversité et éviter les pires conséquences entrevues par les auteurs de l’étude publiée aujourd'hui, figurent entre autres, la conduite d'interventions directes continues et intensifiées, comme l'agrandissement et le renforcement des zones protégées; une efficacité accrue dans l'utilisation des terres, de l'énergie, de l'eau douce et des matériaux afin de satisfaire la demande grandissante provenant d’une population en croissance; l'utilisation de mesures d'incitation commerciales; l'éducation, et la sensibilisation du public. »

Le directeur exécutif du programme de l’ONU pour l’environnement, Achim Steiner a par ailleurs déclaré: « L'humanité a fabriqué l'illusion que nous pouvons nous passer de la biodiversité : la vérité est que nous en avons besoin plus que jamais sur une planète de six milliards d’individus qui se dirige vers plus de neuf milliards d’individus. »

Quant à Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur la biodiversité, il fait aussi référence à la population, dans une interview à Radio Canada: « Le problème de la sécurité alimentaire, le problème de la raréfaction de l’eau, le problème de nourrir 9 milliard de personnes avec une planète qui se rétrécit de plus en plus rapidement, avec moins de terres agricoles, plus de villes, plus d’urbanisation… » .

Enfin, en préambule de cette dernière interview, son auteur, le journaliste canadien Pierre Maisonneuve, avait d'ailleurs lui-même déclaré: « Sans la pilule, on peut se demander ce que serait la pression humaine sur la biodiversité au moment même où l'ONU dépose un important rapport sur l'empreinte de l'humanité sur la biodiversité ».

Bien qu'étant clairement évoquée, la croissance démographique ne semble pas être un facteur sur lequel la convention sur la diversité biologique semble vouloir influer. En atteste l'article consacré au sujet par le site developpementdurable.com où l'on peut lire ceci « Selon les experts, cinq facteurs peuvent expliquer cette perte, quasiment inexorable, de la biodiversité : le changement de l'habitat, la surexploitation des ressources, la pollution, les espèces exotiques envahissantes et les changements climatiques. La cause de tous ces maux est unique : les gouvernements minimisent le rôle pourtant essentiel de la biodiversité. Or, comme le rappelle Ahmed Djoghlaf, "c'est la vie sur Terre qui est en jeu". Avant d’ajouter que l'espèce la plus menacée sur terre n'est autre que celui qui orchestre sa propre disparition : l'homme. »

Les cinq facteurs cités plus haut étant tous dus à la croissance permanente de la présence et des activités humaines, Démographie Responsable demande donc aux responsables de l'ONU de se pencher sérieusement sur l'opportunité d'un appel international à la limitation volontaire des naissances, seule mesure permettant d'arrêter notre inexorable marche vers le gouffre...

* Le document est téléchargeable en français