Opinions des candidat(e)s à l'élection présidentielle

ayant répondu aux questions posées par Démographie Responsable

Charlotte Marchandise, candidate citoyenne

Estimez-vous que la question démographique est bien un réel problème écologique ? Selon-vous peut-on, ou doit-on intégrer la question démographique dans les débats et les projets politiques lors de l’élection présidentielle ?

Notre avis se décompose comme suit : - au niveau planétaire, l'explosion démographique constitue effectivement un des principaux déterminants écologiques (cf. par ex. l'équation I = P.A.T) ; à l'heure où le système humanité-Terre atteint certaines limites critiques, il paraît évident que nous ne pourrons pas tous vivre durablement en si grand nombre, à plus forte raison si l'on cherche à maintenir l'augmentation de la quantité de produits et services par habitant (quête de croissance économique) - au niveau local, elle est également une problématique dans les grandes villes, qui ont une empreinte écologique telle qu'elles dépendent de l'exploitation à flux tendu de ressources naturelles lointaines La question de la démographie est un enjeu politique primordial qui mérite d'être évoqué durant la campagne présidentielle, toutefois ce ne peut être un thème central d'une campagne aujourd'hui en France, notamment car ce n'est pas particulièrement un problème qui touche les Français. Ce qu'il faut c'est ouvrir un chantier de réflexion sur ce sujet de fond, pas seulement le mentionner en campagne, et porter une voix résolue pour l'intégration de la question au niveau international (Nations unies), en proposant par exemple des politiques d'aide au développement volontaires incluant des questions d'éducation, de planning familial et de transition vers la soutenabilité

Seriez- vous favorable à l’inscription de la démographie à l’ordre du jour de la prochaine COP 22 qui va avoir lieu en Novembre à Marrakech et que pensez-vous de la pétition initiée par l’association « Démographie Responsable » ?

Oui bien sûr ! Une vision systémique pertinente implique aujourd'hui de toute évidence (et de toute urgence) d'intégrer le paramètre démographique aux sommets onusiens sur le climat (entre autres) ! — espérons que ce sera le cas à Bonn pour la COP23).

Si vous êtes favorable aux actions de sensibilisation qu’anime l’association « Démographie Responsable », seriez-vous prêts à participer à une conférence sur le thème de la problématique démographique ?

C'est délicat pour nous, du moins à ce stade de la campagne où notre priorité absolue est de collecter les 500 parrainages d'élus — ce qui n'est pas une mince affaire. Charlotte n'est pas fermée sur la question car le thème lui tient à cœur, mais pour l'instant nous faisons campagne sur d'autres sujets, et au-delà même des propositions/mesures/thématiques abordées durant cette campagne, notre propos est surtout sur le comment on peut faire de la politique différemment : nous portons une vision pour un projet de société, pas seulement un « programme », et notre sujet est avant tout la politique citoyenne, la démocratie délibérative.

Sachant qu’il est impossible que les pays africains, ainsi que de nombreux autres, parmi les plus pauvres, puissent atteindre le niveau de vie et de consommation des pays riches auxquels ils aspirent, ne pensez-vous pas que pour améliorer leur niveau de vie, compte tenu des limites des capacités de la planète, une répartition plus équitable des richesses avec ces pays passe par une décroissance au moins partielle de notre consommation ?

De toute manière il est impératif, dans une optique de soutenabilité, que les pays les plus consommateurs de ressources baissent significativement, et le plus rapidement possible, la quantité d'énergie et de matière qu'ils utilisent, et se reposent la question du but dans lequel il les utilisent. Il faut de surcroît qu'ils revoient avec volontarisme leurs modes de production afin de faire évoluer le système linéaire actuel (on extrait des ressources, on les utilise, on produit des pollutions en bout de chaîne) vers un système aussi cyclique que possible, avec rebouclage notamment des objets manufacturés et des cycles biogéochimiques naturels (par ex. séparation des eaux grises et des eaux-vannes et retour de ces dernières, après traitement et compostage, aux terres agricoles...). Au niveau mondial, l'indispensable dynamique de modération qu'il faut instaurer doit effectivement s'accompagner d'une politique de redistribution, mais surtout d'un accompagnement vers la soutenabilité et l'autonomie des pays les plus pauvres.

Avez-vous des observations particulières à faire concernant la démographie ?

Merci a Démographie Responsable de porter cette parole essentielle et difficile. Qu'on ne l'aborde pas aujourd'hui avec responsabilité et lucidité au niveau politique, qu'il s'agisse encore d'un tabou et d'un angle mort des réflexions y compris celles sur la soutenabilité, est tragique. Il est primordial de développer de nouveaux récits, storytellings, imaginaires, afin de permettre à cette question de rentrer dans le débat public habituel, comme une problématique évidente, en la nettoyant de la gangue de lieux communs et raccourcis stériles qui l'entoure (soupçons d'eugénisme, d'occidentalo-centrisme, de racisme, etc.). Il faut tout faire pour que cette question se répande comme un sujet important et parfaitement rationnel, non idéologique. En espérant que ces réponses vous satisferont.

Arthur Keller pour Mme Marchandise

Yannick JADOT, candidat EELV

Le 22 février 2017, dans le cadre d'une invitation du WWF-France, le candidat écologiste a répondu à une série de questions posées par des internautes. A cette occasion, il s'est exprimé sur la démographie à 9'11".

Nathalie ARTHAUD, candidate de Lutte ouvrière

Ma candidature ne vise pas à proposer un programme de gouvernement. Elle vise à faire entendre le camp des travailleurs, à permettre au monde de travail d’exprimer ses intérêts matériels et politiques, de se regrouper et de montrer qu’il existe un courant qui défend d’autres perspectives que la société d’exploitation capitaliste.

En tant que communiste je suis particulièrement préoccupée par l'avenir de l'humanité et de la planète. S'il est légitime de s'inquiéter de ce qui se passe aujourd'hui en matière d'environnement et des conséquences que cela peut avoir sur la santé de tout un chacun et sur la biodiversité, les préoccupations des uns et des autres sont bien révélatrices de leur indifférence vis-à-vis des travailleurs, qui sont pourtant toujours les victimes en première ligne de ces dangers.

La défense de l'environnement figure en bonne place sur les programmes de tous les partis, en particulier ceux qui défendent l'ordre social actuel. Mais si la pollution de l'air et de l'eau, les produits et sous-produits dangereux de l'industrie, utilisés sans contrôle, sont des menaces réelles, c'est bien la conséquence de l'irresponsabilité congénitale du capitalisme qui n'a que la course au profit comme moteur et comme morale, quitte à mettre l'avenir de l'humanité en danger.

Je ne vais donc pas faire semblant de croire qu'il suffirait de prôner telle ou telle mesure isolée pour résoudre ces problèmes. C'est le fonctionnement global de l'économie capitaliste que je condamne et son remplacement par une économie véritablement socialiste que je prône. Car ces solutions resteront lettre morte tant qu'une poignée d'industriels et de financiers imposera son diktat à toute la société dans le seul but de privilégier leurs intérêts privés. En effet, une économie marquée par la concurrence et le fonctionnement anarchique de la production n'est pas et ne peut pas être respectueuse de l'environnement et de la biodiversité, pas plus qu'elle ne l'est et ne peut l'être des hommes et des femmes qui y vivent.

Ce préalable étant posé, c'est volontiers que je réponds à vos questions. Tout d'abord je ne pense pas que ce soit la démographie la principale cause des problèmes écologiques de la planète. L'idée qu'il n'est pas possible de satisfaire les besoins de tous provient de la théorie de la surpopulation de Malthus qui est largement contestée. L'erreur de Malthus, au 18ème siècle, a été de sous estimer l'ampleur des progrès scientifiques et techniques qui allaient permettre un accroissement considérable des rendements et des ressources.

Dénoncer la démographie plutôt que le système économique revient à mettre les pauvres à l'index au lieu de désigner les véritables coupables des dysfonctionnements majeurs de la société. Bien sûr le réchauffement climatique actuel est une grave menace pour de nombreuses populations. En France le transport routier représente, avec 26 en terme d'émission de gaz à effet de serre. Pourtant les entreprises, aidées par les gouvernements, continuent à privilégier le « raisons d'organisation de la production grâce au système du « flux tendu » et les gouvernements parce qu'ils sont incapables d'imposer quoi que ce soit au patronat.

Il y a donc bien des mesures qu'il seraient urgent de prendre pour tenter de contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C d'augmentation sans qu'il soit besoin d'invoquer la démographie. Je tiens par ailleurs à me démarquer très nettement de toute attitude visant à culpabiliser l'ensemble de la population pour les problèmes environnementaux. La notion de fiscalité écologique est très à la mode et vise précisément à dédouaner les industriels de leurs responsabilités dans la pollution. Je considère que c'est aux capitalistes de payer pour leurs méfaits écologiques, y compris pénalement, et pas à la population pauvre d'avoir à payer plus cher son chauffage ou ses transports.

La « décroissance » c'est au mieux de l'angélisme, au pire une attitude franchement réactionnaire quand elle revient à faire la morale à ceux qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts ou qui sont obligés de prendre leur véhicule pour se rendre au travail. Enfin je ne pense pas que prôner la « décroissance » pour les pays riches permettrait aux pays africains d'améliorer leur niveau de vie. Une « richesses » ne pourra se faire qu'en empêchant la domination des multinationales qui pillent ces pays et sont responsables de la corruption qui y règne et de bien des guerres régionales qui les ont ravagés.

Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France

J’ai pris connaissance avec attention de votre courriel du 27 octobre interpellant les candidats à la Présidence de la République sur le lien entre les problématiques démographique et écologique.

Nous sommes entrés de plein pied dans l’ère de l’anthropocène et même les plus acharnés des climato-sceptiques ne peuvent, de bonne foi, nier l’impact des activités humaines sur l’écosystème terrestre.

C’est pourquoi, je m’empresse de répondre favorablement à vos trois premières questions, mais d’émettre des réserves à la quatrième.

1. La question démographique doit être intégrée aux projets politiques. Toute politique publique doit avoir une approche globale des problèmes sociétaux : peut-on penser le logement, les transports, l’économie, l’environnement, l’énergie sans y intégrer l’expansion démographique ?

2. La démographie doit impérativement être inscrite à l’ordre du jour de la COP 22.

3. Je suis tout à fait disposé à participer à une conférence sur la problématique démographique

4. Que la répartition des richesses entre pays riches et pays pauvres implique une décroissance de notre consommation est une idée qui commence à faire son chemin.

Elle aurait un intérêt économique et social et, surtout, une valeur ajoutée éthique. Mais il ne faudrait pas qu’en empruntant cette voie, nous fassions l’économie d’une politique volontariste de coopération, à l’image du « plan Marshall » pour l’Afrique conçu par Jean-Louis BORLOO.

Gérard Charollois, candidat de Convention Vie et Nature

Estimez-vous que la question démographique est bien un réel problème écologique ? Selon-vous peut-on, ou doit-on intégrer la question démographique dans les débats et les projets politiques lors de l’élection présidentielle ?

Lors de mes conférences consacrées au biocentrisme, j'évoque la question démographique, dès lors qu'elle commande le devenir du vivant sur une planète finie.

Malheureusement, les candidats à la présidentielle passeront sous silence, dans un souci de conformisme mou, cette problématique qui heurte le prêt-à-penser.

Or, le sujet est essentiel pour mesurer les effets de ce que l'on appelle l'anthropocène, modification des facteurs physiques, chimiques, biologiques du globe sous l'impulsion de l'espèce humaine.


Seriez- vous favorable à l’inscription de la démographie à l’ordre du jour de la prochaine COP 22 qui va avoir lieu en Novembre à Marrakech et que pensez-vous de la pétition initiée par l’association «Démographie Responsable» ?

Oui, il faudrait inscrire la question à cet ordre du jour. Mais, les préjugés, les dogmes dominant certaines sociétés interdiront ce grand et indispensable débat.

L'humanité perdure à ignorer les vrais problèmes et disserte encore comme si nous étions au Moyen-âge. "Croissez et multipliez", demeure une devise chérie par nombre de peuples et de gouvernements ce qui ne manque pas d'être inquiétant.


Si vous êtes favorable aux actions de sensibilisation qu’anime l’association « Démographie Responsable », seriez-vous prêts à participer à une conférence sur le thème de la problématique démographique ?

Bien évidemment, car le combat des idées, sur ce sujet comme sur d'autres touchant à l'incidence de l'homme sur la terre, mérite des conférences.


Sachant qu’il est impossible que les pays africains, ainsi que de nombreux autres, parmi les plus pauvres, puissent atteindre le niveau de vie et de consommation des pays riches auxquels ils aspirent, ne pensez-vous pas que pour améliorer leur niveau de vie, compte tenu des limites des capacités de la planète, une répartition plus équitable des richesses avec ces pays passe par une décroissance au moins partielle de notre consommation ?

Substituons une croissance qualitative qui rend l'humain plus heureux, à l'actuelle croissance quantitative qui empoisonne la planète.

Sans prôner l'ascétisme, le masochisme triste, je pense qu'il faut cesser de vouloir un toujours plus et rechercher, en revanche, un toujours mieux.

Oui, au progrès qui élève, transcende, fait reculer la souffrance et la mort, et non, à une croissance spéculative et purement consumériste.

Avez-vous des observations particulières à faire concernant la démographie ?

L'allongement de la vie humaine est un bien, car tout être vivant acquiert un droit et un intérêt à vivre.

Pour stopper la croissance démographique, je préconise une nouvelle politique des naissances cessant d'encourager le natalisme irresponsable.

Souhaitons des hommes plus heureux et des hommes moins nombreux.

Alexandre Jardin

Estimez-vous que la question démographique est bien un réel problème écologique ? Selon-vous peut-on, ou doit-on intégrer la question démographique dans les débats et les projets politiques lors de l’élection présidentielle ?

L’accroissement de la population mondiale est à l’évidence un des paramètres clés à prendre en compte lors des débats sur l’écologie et l’environnement. En effet, la multiplication des hommes et des femmes présentes sur Terre accroît considérablement leur impact à la fois sur l’épuisement des ressources disponibles et sur le climat. Cette question démographique, tout en étant essentielle, ne concerne pas directement la France, ni d’ailleurs l’ensemble des pays développés, puisque leurs populations ne croissent plus que très lentement, voire pour bon nombre décroît. Elle doit être mentionnée dans le cadre des débats portant sur l’écologie et l’environnement.

Seriez- vous favorable à l’inscription de la démographie à l’ordre du jour de la prochaine COP 22 qui va avoir lieu en Novembre à Marrakech et que pensez-vous de la pétition initiée par l’association « Démographie Responsable » ?

La question de la démographie a sa place lors de la prochaine COP22, compte-tenu des remarques précédentes. Oui à la partie de la pétition qui en appelle à une telle inscription. Par contre, je crois qu’il ne faut pas à ce stade préconiser telle solution plutôt que telle autre, surtout venant de responsables politiques qui ne sont pas directement concernés par ces recommandations. Nous devons veiller à ne pas nous ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays, et promouvoir un débat ouvert.

Si vous êtes favorable aux actions de sensibilisation qu’anime l’association « Démographie Responsable », seriez-vous prêts à participer à une conférence sur le thème de la problématique démographique ?

Oui sur le plan du principe, sans pouvoir garantir de pouvoir y participer en personne.

Sachant qu’il est impossible que les pays africains, ainsi que de nombreux autres, parmi les plus pauvres, puissent atteindre le niveau de vie et de consommation des pays riches auxquels ils aspirent, ne pensez-vous pas que pour améliorer leur niveau de vie, compte tenu des limites des capacités de la planète, une répartition plus équitable des richesses avec ces pays passe par une décroissance au moins partielle de notre consommation ?

A l’évidence, la résolution des problèmes posés par l’écologie et l’environnement passera par un débat sur une répartition plus équitable des richesses. Quant à une décroissance de notre consommation, tout dépendra de notre capacité à inventer de nouveaux modes de consommation diminuant notre impact sur la consommation des ressources par habitant, et sur la modification du climat.

Avez-vous des observations particulières à faire concernant la démographie ?

Tout en partageant avec vous l’importance de la démographie, et des conséquences liées à son accroissement, il est toujours difficile d’en prévoir l’évolution. Avoir les moyens de mener une veille internationale sur ce sujet me semblerait pertinent.