COMMUNIQUE DE PRESSE (17/01/2023)

Baisse de la fécondité et perspectives de déclin démographique

L’INSEE vient de publier les dernières statistiques démographiques confirmant que si la France (Métropolitaine + Outre-Mer) avait pour la première fois atteint les 68 millions d’habitants, certains indicateurs montraient un sensible ralentissement de la croissance. Le nombre de naissances (723 000 en 2022) est le plus faible depuis 1946, le solde naturel (+ 56 000) est très bas et désormais loin du solde migratoire (+ 161 000) qui est, comme le signale Le Monde, le principal moteur de la progression de la population. La fécondité (1,8 enfant par femme) est en légère baisse et la mortalité en hausse, indépendamment même de l’effet naturel lié au vieillissement.

Dans le même temps, la Chine reconnait pour la première fois depuis 1960 une baisse de sa population, certes modeste (- 850 000 personnes soit – 0,06%) mais significative au moment où sans doute l’Inde la remplacera comme pays le plus peuplé de la planète.  Son indice de fécondité serait désormais inférieur à 1,2 enfant par femme quand le remplacement des générations suppose qu’il dépasse légèrement 2.

Bien que relevant pour une part de causes différentes, ces deux phénomènes ont engendré ces dernières heures de nombreux commentaires catastrophistes annonçant un déclin de l’humanité, un pessimisme général, une atteinte à la croissance économique. Et si au contraire il s’agissait là de bonnes nouvelles pour la planète mais aussi pour chacun des pays concernés ? Pourra-t-on assurer éternellement l’équilibre de nos sociétés si celui-ci s’appuie toujours sur une augmentation de nos effectifs ? A l’évidence ce serait là entrer dans une spirale sans fin.

Les ressources sont  toujours plus rares, la biodiversité s’écroule, les gaz à effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère. Sur tous ces phénomènes le nombre des hommes constitue un facteur déterminant. Nous pouvons certes réduire l’impact des populations les plus riches, mais une grande partie du monde aspire au contraire à un meilleur niveau de vie qui augmentera mécaniquement son impact.

La seule façon de concilier une amélioration du sort des plus pauvres, et un maintien de conditions acceptables pour la biosphère est donc d’agir en faveur de la maîtrise de la fécondité, dans les pays en voie de développement du fait de leur dynamique démographique, comme dans les pays les plus favorisés du fait de l’impact de chacun de leurs habitants.

Bien entendu cela nécessitera dans un premier temps des adaptations difficiles, notamment sur les retraites et sur le coût de la santé, mais compter sur une augmentation permanente de notre nombre ne fera que repousser le problème. Les jeunes d’aujourd’hui seront inévitablement les vieux de demain. Une perspective de long terme permet au contraire de montrer que, tant sur l’équilibre social et économique que sur celui de la nature, une baisse de la fécondité et donc plus tard de nos effectifs serait une perspective favorable. Nous n’avons jamais été autant sur la planète, nous sommes 5 fois plus nombreux qu’au début du XXème siècle ! Sans doute est-il temps de voir autrement notre avenir et de s’engager vers une diminution progressive de nos effectifs. « Voici venu le temps du monde fini » disait Albert Jacquard, à l’humanité de s’y adapter, et par sa démographie d’abord.