Bruno DAVID sur France Culture (06/01/2021)

 

Script de la fin de l'intervention de Bruno David (président du Muséum National d'Histoire Naturelle) où il fait part de son analyse sur les origines de la crise pandémique actuelle. Pour écouter ce passage, cliquer sur ce lien puis sur l'invité des matins (8h19) et aller à 39’50’’.

Bruno David : « La pandémie est d’abord liée au fait qu’on est très nombreux et donc que la probabilité qu’un virus passe sur un être humain est relativement importante du fait même de notre nombre.

Elle est liée [ensuite] au fait qu’on se déplace beaucoup, donc une fois qu’elle apparait localement, elle est rapidement globale.

Elle est liée [enfin] au fait qu’on entretient une promiscuité avec des animaux, avec d’autres espèces animales. »

Guillaume Erner : « Mais cette promiscuité, elle n'était pas encore plus grande auparavant ? »

Bruno David « Non, en nombre, cette promiscuité était plus petite. [Par exemple], on est passé en 60 ans de 500 millions de volailles élevées à je crois 20 milliards (je cite de mémoire). Donc on est sur quelque chose de complètement différent en ordre de grandeur et on a ces élevages absolument gigantesques qui mettent en contact beaucoup d’animaux, qui sont d’ailleurs pratiquement tous identiques les uns des autres, donc c’est vraiment ''au bonheur des virus''. Donc quand il y a un virus qui s’introduit là-dedans, il peut envahir tout le monde.

On est donc en contact avec ces choses immenses et on va aussi chercher les animaux dans leurs environnements sauvages et on les amène vers nous. On détruit leur environnement sauvage. Ces animaux sauvages vont [aussi] venir vers nous car ils sont à la recherche de ressources.

Donc on crée de la promiscuité soit à travers des élevages intensifs, soit à travers une promiscuité avec des animaux sauvages. Tout cela va favoriser la transmission de virus.

Il ne faudrait pas croire non plus qu’en se disant finalement ''les virus viennent de ces animaux sauvages, par exemple on va s’en débarrasser; [car] si on se débarrasse de tous ces animaux sauvages, ils ne nous transmettront plus de virus''. C’est vrai, mais d’un autre côté, il faut savoir que les pathogènes s’intéressent toujours aux espèces dominantes. Donc, si on était la seule espèce qui reste en éradiquant les formes sauvages, on deviendrait la cible de ces pathogènes et ce serait donc la pire de choses à faire, car on se désignerait nous même comme étant la cible de ces pathogènes.

Respectons la biodiversité sauvage et faisons-en sorte qu’elle soit la plus diverse possible, c’est notre meilleure arme contre les virus.»

 

Bruno David Ouvrage B

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