Faire face à l’explosion démographique

Par Michel Sourrouille (co-responsable Aquitaine de notre association - animateur du site biosphère)

 

MichelSourouille

Ne pavoisons pas

L’abaissement généralisé de la fécondité humaine, à quelques exceptions près, est une bonne nouvelle. Celle-ci ne doit pas cependant créer l’illusion d’une tendance à l’équilibre. Au 1er janvier 2021, la Terre héberge désormais 7,8 milliards d'habitants, la progression est d’environ 85 millions de personnes de plus chaque année. Selon les projections de l'ONU, nos effectifs plafonneraient à presque 11 milliards en 2100. C’est en Afrique que se situe aujourd'hui le plus grand potentiel de croissance démographique avec un indice de fécondité de 4,4 enfants par femme (contre 2,4 pour l'ensemble de la planète). Comment nourrir, loger, donner un emploi, assurer santé et sécurité à tant de personnes supplémentaires quand des peuples connaissent déjà la faim, que des épidémies surgissent et que des conflits armés éclatent un peu partout. Ce constat tragique devrait nous inciter à agir politiquement pour maîtrise la fécondité humaine.

Les caractéristiques de la croissance

Le poids de la population mondiale sur les ressources de la planète est accentué par le niveau de vie à l’occidentale, standard consumériste que voudrait rejoindre les laissés pour compte de la mondialisation. La démographie est un multiplicateur des menaces. Un décideur se doit de connaître la formule IPAT, l’impact écologique « I » résulte à la fois de la population « P, » du niveau de consommation « A « et de l’impact technologique « T ». La croissance démographique et la croissance économique déstabilisent les écosystèmes au point qu’on connaît un dépassement des limites biophysiques de la planète, ce que démontrent les calculs de l’empreinte écologique. Un parti doit présenter une politique à mettre en œuvre à la fois en matière économique et démographique.

Le blocage énergétique et climatique

La fin du pétrole bon marché s’accompagnera d’une contraction de l’économie globale et d’un effondrement de l’agriculture thermo-industrielle. Facteur additionnel, la dérive climatique va détériorer l’agriculture traditionnelle et entraîner des flux croissants de migrant climatiques. Il faut se rappeler le programme de René Dumont pour la présidentielle de 1974 : « Si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à New York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. » L’agronome Dumont liait explicitement malthusianisme et lutte contre la pauvreté, son message n’a pas été écouté.

Les biologistes qui étudient la dynamique des populations savent que la stabilité des écosystèmes est garantie par une régulation spontanée de la démographie des populations. Lorsque l’équilibre est rompu, la crise qui accompagne la surexploitation des ressources se traduit par un effondrement des populations concernées. C’est ce qu’il est convenu d’appeler une « régulation par catastrophe ». Vouloir prévenir l’humanité d’une régulation naturelle par manque de ressources devrait apparaître comme un objectif raisonnable, louable et « humaniste ».

Agir sans tarder

La population est devenue un sujet tabou en politique, dans les affaires internationales, et même dans les médias et l’opinion publique. Or un ensemble de politiques visant à améliorer la vie des femmes, des hommes et des enfants aurait pour retombée le ralentissement démographique. Pour stabiliser l’impact de l’Humanité sur les ressources et les écosystèmes de la Terre, tout en permettant à chacun de vivre selon des standards acceptables, la population devrait se réduire à 1,7 ou 2 milliards d’individus. Cet optimum ne peut pas être atteint rapidement compte tenu de la relative inertie des phénomènes démographiques. C’est pourquoi, les décennies à venir s’annoncent difficiles, surtout si nous ne savons pas anticiper les évènements. Nous devons mettre en place à la fois une sobriété partagée et une maîtrise de la fécondité. Voici quelques stratégies possibles :

  • Mettre un terme à toutes les politiques qui récompensent financièrement les parents en fonction du nombre d’enfants
  • Enseigner les interrelations entre population, croissance économique et contraintes écologiques
  • Renforcer le planning familial dans tous les pays
  • Promouvoir l’égalité des sexes dans tous les aspects de l’existence

 

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