Sommet Afrique - France

Nice va accueillir du dimanche 30 mai au mardi 1° juin prochain, le 25ème Sommet Afrique – France. Celui-ci se déroulera en présence du président français et des délégations de 52 États africains représentés pour la plupart par leur Chef d’État ou de Gouvernement. Au cours de ce Sommet, de nombreuses questions seront abordées, à la fois sur le plan politique, mais aussi sur le plan économique.

Selon le Ministère des Affaires étrangères et européenne, le Sommet « connaîtra, une évolution importante : le Sommet s'ouvrira aux forces vives françaises et africaines. La spécificité des relations entre la France et l'Afrique tient en effet à ce qu'elles ne se limitent pas aux relations d'État à État, mais s'étendent également aux mondes économique, culturel et associatif. Ainsi, pour le Sommet de 2010 à Nice, 80 entrepreneurs français et 150 entrepreneurs africains, venant de toutes les régions du continent, seront conviés à participer aux travaux, de même que des organisations syndicales. Cette ouverture au monde économique et social sera une première dans l'histoire des Sommets Afrique - France ».

Or, le prochain G8, qui aura lieu à Muskoka (Canada) les 25 et 26 juin 2010, et qui ne compte pourtant en son sein aucun de ces 52 États africains, va se pencher sur le problème de la santé maternelle et infantile (500 000 femmes mourant chaque année de causes liées à la grossesse ou l'accouchement). Une grande partie de ces décès ayant lieu en Afrique subsaharienne, on ne peut que s'étonner que le sommet Afrique-France n'ait pas, lui aussi, mis cette question qui le concerne au premier chef à son ordre du jour.

Par ailleurs, de nombreuses publications récentes ont fait état de la situation démographique préoccupante de cette même partie du continent, celle-ci ayant vu sa population multipliée par 3 ou 4 depuis la période des indépendances: Niger (4,9), Sénégal (4,2), Burkina Faso (3,5). Sachant que les prévisions sont encore au doublement des effectifs d'ici 2050, on ne sait si à défaut d'y être exprimée, cette problématique sera à l'esprit de certains des participants.

Et pourtant, quelles que soient les réformes envisagées, les coopérations ou les aides entre les différents partenaires africains et européens, si la question de la croissance démographique explosive de la région continue à être occultée, et ce pour de multiples raisons avouables ou inavouables (laisser faire ou natalisme des uns, peur de fâcher ou de perdre des marchés des autres), on peut malheureusement être sûr que la situation déjà dramatique des peuples concernés continuera à empirer.

Seule une démographie responsable pourrait, à terme, permettre d'atténuer les crises majeures qui, de toute façon, interviendront dans les années ou les quelques décennies à venir. Les dirigeants présents à Nice porteraient une lourde responsabilité en continuant à ignorer ces réalités.