Les obstacles à la planification familiale
La lenteur de la transition démographique en Afrique subsaharienne est régulièrement rappelée par certains démographes: lire à ce sujet ce texte de l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Néanmoins, seuls quelques ONG et organes de presse locaux nous informent, en détail, sur les raisons qui expliquent ce retard. A ce propos, tout récemment, quatre articles ont évoqué les difficultés que rencontre la planification familiale (PF) dans quelques pays en particulier: deux sur le Burkina Faso, un sur le Bénin et un autre sur le Mali, mais on peut aisément imaginer que bien d'autres états de la région pourraient se reconnaître dans cet "état des lieux".
Rappelons tout d'abord que ces trois pays ont en commun de forts taux de natalité (supérieurs à 5) et des taux d'utilisation de méthodes contraceptives faibles, voire très faible pour l'un d'entre eux. Le tableau suivant (source UNICEF 2008) met en relation la contraception et la natalité :
Pays |
Prévalence contraceptive |
Taux de natalité |
Bénin | 17% | 5,4 |
Burkina Faso | 17% | 5,9 |
Mali | 8% | 5,5 |
- Burkina Faso
Moumini Yameogo, de sidwaya.bf, note que: « Les époux constituent un grand obstacle à la PF dans les villages. Le refus de la plupart des hommes que nous avons rencontrés repose sur le fait que la femme doit faire des enfants jusqu’à la ménopause. Pour eux, les enfants sont source de richesse et imposent le respect des autres. Certains sont convaincus par des “fausses rumeurs” qui voudraient que la planification familiale rende stérile. Et une femme qui pratique la planification familiale devient une “dévergondée”. »
Bien entendu, cette opposition des maris ne saurait à elle seule expliquer les difficultés que rencontrent les épouses.
Une section d'Amnesty International développe par ailleurs en détail tous les obstacles à la PF dans un excellent article consacré lui aussi au Burkina Faso:
- Insuffisance de l’information sur les droits sexuels et reproductifs,
- Services de planification familiale inadéquats,
- Produits contraceptifs pas toujours disponibles,
- Prix des contraceptifs*,
- Résistances des maris et de la famille en général,
- Manque de moyen des services de planification familiale,
- Avortements clandestins et dangereux.
* Au passage, on peut raisonnablement s'interroger sur le fait que la communauté internationale n'ait pas encore pris la décision de les rendre gratuits.
En conséquence, Démographie Responsable ne peut que s'associer à tous ceux qui réclament que le G8 canadien de juin prochain (qui doit se pencher sur le fléau de la mortalité maternelle) prenne les mesures financières audacieuses qui s'imposent...
commentaire archivé : 20-01-2014 17:49