demographie

A titre de carte de vœux, vous pourrez lire le dernier article de ce blog qui a eu la bonne idée d'analyser l'état de la population au 1er janvier 2010 à partir de statistiques d'origines diverses. Il fait entre autres ressortir le fait que la planète a accueilli environ 79 millions d'êtres humains supplémentaires en 2009.

Nous avions déjà fait référence à la prise de position de Claude Imbert, éditorialiste au Point, qui avait signé le 4 décembre dernier l’excellent article Le tabou démographique. Cependant, le dossier que consacre cette semaine l’hebdomadaire à la surpopulation, intitulé « La bombe humaine » et illustré par une couverture choc, franchit une nouvelle étape, dans la prise de conscience de sa direction, mais aussi par l’intensité du message adressé. Cette publication ne peut donc que nous ravir, bien sûr parce que nous défendons un point de vue similaire, mais surtout parce qu’elle participe grandement à la prise de conscience du problème par nos contemporains.
L'article principal, sous la plume de la journaliste Émilie Lanez, cite tout d'abord quelques chiffres "vertigineux" déjà bien connus dont les 200.000 nouveaux habitants supplémentaires que la Terre accueille chaque jour et résume la situation par « Alors qu'il nous aura fallu 7 millions d'années pour être 1 milliard d'humains, nous allons en l'espace de 150 années, être neuf fois plus nombreux. (...) En 2050, 9 milliard d'humains se partageront un espace exigu, exsangue, pollué... ». Poursuivant sur cette idée elle écrit « Depuis l'Allemagne nazie, il était tabou de penser le monde en termes d'espace vital. Aujourd'hui, fracassé par la croissance démographique hallucinante, le tabou implose ». Même si elle a en partie raison de prendre les devants par rapport aux éventuels détracteurs, remarquons néanmoins que dans l'esprit de ce sinistre régime, cette notion d'espace vital sous-entendait qu'il fallait un territoire plus étendu pour contenir le peuple allemand (ce d'ailleurs tout en continuant à promouvoir une forte natalité !), alors que de nos jours nous avons (enfin) réalisé que la planète n'est pas extensible et qu'il faut justement restreindre la natalité. Donc à part une similarité de terme, la réalité recouverte est totalement différente. On met d'ailleurs ci en évidence un des travers de nos sociétés où sous prétexte qu'un terme a déjà été utilisé de façon négative, on s'en interdirait définitivement l'emploi. Ceci étant cette expression n'est même pas utilisée dans le milieu de la démographie responsable.
L'article, comme il se doit, donne ensuite largement la parole aux démographes français: Gilles Pison, Henri Leridon et Hervé Le Bras.
Gilles Pison: « La démographie n'est pas un levier d'ajustement sur lequel on peut peser à court terme » ou encore « on ne sauvera pas la planète en essayant de réduire la population, un objectif hors de portée à court terme ». Tout d'abord, et sans vouloir être désagréable vis à vis des démographes, remarquons qu'il eut été possible d'atténuer grandement la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui si ceux-ci (français entre autres) s'étaient joints aux personnes qui ont tiré le signal d'alarme dans les années 70 du siècle dernier au moment de la parution de « La bombe P » de Paul Ehrlich. Ensuite, il ne s'agit évidemment pas de réduire la population, mais de freiner sa croissance, enfin comme le rappelle le slogan, qui n'est en rien "radical" (!) « moins d'émetteurs, moins d'émissions », il n'y a pas de petites économies en la matière: malgré l'allongement de la durée de la vie, il est sans doute possible d'éviter la venue au monde de 1 à 2 milliards d'êtres humains si tous les pays se contentent d'un simple taux de renouvellement.
Henri Leridon: « pour atteindre ce seuil [hypothèse moyenne onusienne de 9 milliards en 2050], il faudra s'astreindre à une politique très volontariste de contrôle des naissances ». Or, malgré les déclarations de bonnes intentions de l'Unfpa reprise dans l'article et que nous avons d'ailleurs affichées sur notre page d'accueil à savoir « des modes viables de consommation et de production, ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable », cette politique volontariste, non pas de contrôle des naissances d'ailleurs, mais d'incitation à l'autolimitation, ne verra le jour que si l'ONU affiche encore plus clairement la couleur et propose sans délai d'inscrire le sujet comme grande cause internationale. En substance, l'organisation internationale pourrait par exemple déclarer: « Nous devons tout faire, et ce de façon démocratique et consensuelle, pour stabiliser la population mondiale: les grands axes étant l'éducation, la prévention des grossesses non désirées, l'instauration de systèmes de retraites et les aides financières directes inverses à celles qui sont encore pratiquées ici ou là ».
Hervé Le Bras « La population n'est pas le mal en soi, mais elle est un facteur multiplicatif. Le vrai problème, c'est la structure de la consommation ». Sur cet aspect du problème nos trois démographes sont d'ailleurs en accord et nous partageons évidemment l'idée de réduire la consommation des pays riches. Ceci étant, la marge de réduction n'est pas si énorme que cela, car au moins la moitié des habitants de ces pays vivent dans des conditions déjà relativement difficiles. D'autre part les habitants des pays du sud n'aspirent qu'à une chose: suivre le modèle occidental. Et donc, même si cet aspect du problème est fondamental, il ne saurait en être à lui seul la solution.
Notons enfin que cet article s'intéresse bien entendu à l'aspect alimentaire de la question de la surpopulation: « Allons nous mourir de faim? Les agronomes répondent en chœur: la Terre peut nourrir allègrement 9 milliards d'habitants. » Évidemment ces affirmations sont basées sur une simple projection de ce qui se fait actuellement et ne tiennent pas compte: de la fin du pétrole, de l'épuisement des terres arables, du réchauffement climatique et donc des pénuries d'eau à venir. Concernant la diminution de la part de l'alimentation carnée, qui est évidemment plus que souhaitable, il serait bon qu'on n'en reste pas à un vœu pieu. Or pour l'instant, même si des voix commencent à se lever ici où là, on ne voit rien venir de la part des pouvoirs publics. On pourrait d'ailleurs s'étonner de la propension de certains à vouloir diminuer drastiquement les "droits" à la consommation (transport, viande, nourriture, chauffage, etc) et de ne pas toucher à ceux concernant la reproduction... Quant aux terres non encore exploitées dont il est fait grand cas, il serait temps de réaliser qu'elles sont aussi le refuge de nombreuses espèces vivantes et qu'il serait bon de leur en laisser la jouissance: en effet, nous nous sommes déjà suffisamment appropriés de territoires. A ce sujet, s'il est un reproche que nous pourrions faire à cet article et au dossier du Point en général, c'est de ne pas parler de la corrélation entre l'augmentation irraisonnée de la démographie humaine et la baisse dramatique de celle des espèces sauvages.
 

Commentaires  

 
#1 le poids des hommes 01-01-2010 12:24
Si notre croissance se poursuit au rythme actuel, dans 840 ans il nous restera 1 mètre carré par personne et dans 9000 ans nous formerons une sphère d'être humains dont le rayon grossira à la vitesse de la lumière (dans la catégorie des impossibles !...)
Entre ces deux échéances le poids des hommes dépassera celui de la Terre.
Bonne année quand même.
 

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